Surin est une province de la Thaïlande, située au nord-est du pays. Sa capitale est la ville de Surin.
Sur les 2500 éléphants environ en captivité en Asie, plus de la moitié se trouvent en Thaïlande, dont plus de 200 à Surin.
Depuis l’interdiction en 1989 d’exploiter le bois (car disparition progressive de la jungle) , la plupart des éléphants ont été reconvertis dans un nouveau business : les randonnées sur leur dos ainsi que des shows dans les cirques pour amuser les touristes ; le tout malheureusement dans des conditions de vie misérables.
De l’Association “Save Elephant Foundation“, Surin Project s’est mis en place dans le village de Ban Ta Klang en 2009. Le principe fondateur est d’améliorer les conditions de vie de ces éléphants en captivité en proposant à leurs propriétaires, appelés les mahouts en thaï, une alternative à leur business des cirques et des randonnées.
En effet, l’idée est de permettre à des éléphants d’une communauté d’être hors de leurs chaînes, d’évoluer dans des espaces naturels et d’entrer en interaction avec leurs paires, le tout en échange d’un salaire fixe versé aux mahouts. Tous les membres de la communauté ne font pas partie du projet.
C’est en leur apportant cette situation stable que les mahouts et leur famille peuvent rester sur place ou vivre à proximité et laisser leur éléphant au sein du projet. Ce sont en grande partie les frais que paient les touristes et les volontaires pour participer au projet qui sont utilisés pour rémunérer les mahouts, ainsi que de nombreuses donations.
Ainsi, les dresseurs n’ont plus besoin d’aller dans la rue proposer des balades sur le dos de leur éléphant puisqu’ils ont un salaire fixe. Leurs éléphants peuvent être alors dégagés de leur chaîne, se baigner dans la rivière, manger et boire autant qu’ils en ont besoin. Cette situation fixe encourage les dresseurs à rester dans le projet et évite qu’ils amènent leur éléphant en ville pour proposer des randonnées sur leur dos aux touristes ou bien faire des tours de cirque pour faire rire les vacanciers. Certes, sur le moment, cela leur rapporte beaucoup plus d’argent mais cela n’est pas stable et il est plus difficile pour eux de subvenir aux besoins de leur famille.
A l’heure actuelle, dans le projet, il y a 13 éléphants avec leur mahout ; ce sont 13 éléphants sortis de la rue et ainsi de la misère et de la maltraitance. En effet, morphologiquement parlant, un éléphant n’est pas constitué pour supporter une charge sur son dos (voir ci-dessous l’ossature du dos en particulier, en comparaison avec celle du cheval).
Musée de l’éléphant à Surin Squelette d’un cheval
Son cou est, à la limite, plus adapté pour supporter un poids (là où se place son dresseur) mais pas le dos ; puis si à cela se rajoute le fait que la plupart du temps les sangles maintenant le siège sont extrêmement serrées jusqu’à parfois les empêcher de respirer (certains en meurent), on peut imaginer les longues heures de souffrance. Aussi, leurs pieds sont constitués de sorte que lorsqu’ils marchent, ils prennent appui sur leurs orteils donc ce sont des animaux qui sont censés marcher sur des terrains mous (terre, boue) pour amortir le poids et non sur du béton qui peuvent de plus leur brûler les pieds.
Leur talon est constitué de graisse et de cartilages qui servent à amortir leur poids mais représentent aussi une pompe pour leur irrigation sanguine ; c’est pourquoi un éléphant a besoin de marcher pour être en bonne santé. A l’état sauvage, un éléphant peut marcher durant 18h à 22h et parcourir 80 km aisément.
Mais ceci ne fait pas tout le projet ; pour intégrer le projet, il faut respecter certaines règles dont :
- les éléphants doivent avoir un abri, à l’ombre ;
- ils ne doivent pas manquer d’eau ni de nourriture ;
- ne pas enchaîner plus d’une patte ;
- ne pas utiliser de crochet mais uniquement un bâton en bois ;
- ne pas faire de business à l’extérieur (randonnée à dos d’éléphant, cirque)
- les sortir des chaînes régulièrement (plusieurs fois par jour) pour les promener, les laver, les laisser interagir avec leurs congénères.
Si les dresseurs ne respectent pas ces règles, ils savent qu’ils peuvent être exclus. Il s’agit ainsi d’un projet dont le but est d’apporter une situation sécure pour les éléphants et de faire découvrir aux dresseurs une nouvelle façon de faire du business tout en attirant les touristes. Cela dit, pour certains c’est encore dur de respecter les règles du projet et ils enchaînent toujours leur éléphant aux deux pattes avant. Dans cette situation, quoi faire ? Leur faire la morale en leur rappelant les règles et ainsi prendre le risque qu’ils quittent le projet et perdre ainsi leurs éléphants ?
Parfois on voit des choses dures à supporter mais il faut garder en tête le projet et tenter de voir la progression des choses à long terme. A court terme, il y a toujours 13 éléphants sauvés de la rue et également de la torture qu’implique le dressage par les mahouts qui veulent faire de leur éléphant un animal de cirque ou un promeneur de touristes pour toucher un maximum d’argent.
En effet, un éléphant, qu’on appelle un géant, possède le cerveau le plus gros de l’ensemble des mammifères terrestres. De plus, il possède 40 000 muscles dans sa trompe ! Il s’agit d’un animal sauvage qui a certes été dressé il y a des siècles, durant les batailles entre les différents royaumes mais il en existe encore aujourd’hui à l’état sauvage dans le peu de jungle asiatique restante et dans les savanes et forets africaines.
L’éléphant est par ailleurs toujours en Asie le symbole du Roi. Dans le cimetière des éléphants de la communauté, les tombes sont habillées d’une couronne du Roi.
Bref, qui dit géant et sauvage, dit très difficile à dresser ou du moins il faut y mettre le temps et la patience pour installer une relation de confiance. Mais les mahouts veulent toucher de l’argent rapidement pour subvenir à leurs besoins et emploient ainsi des méthodes atroces pour parvenir à faire oublier l’esprit et l’instinct sauvage de l’éléphant : écrasement, brûlures au feu ou à l’acide, coups portés avec des crochets et des objets tranchants sur les zones sensibles comme derrière les oreilles et la tête ou au niveau des orteils où la peau est très fine.
C’est une fois que l’animal a cessé de pleurer que les dresseurs estiment qu’il est à eux ; et pour s’en assurer, ils leur donnent quelques piqûres de rappel ; c’est pourquoi lors des randonnées, il est possible de voir les mahouts avec leur crochet à la main, donnant discrètement des coups derrière la tête de leur animal. Et ces pauvres éléphants sont alors soumis à porter des charges que leur corps ne supporte pas, à marcher sur des terrains inadaptés, à rester à attendre des heures entières enchaînés parfois en plein soleil, sans pouvoir marcher ni boire ni manger. Or, en plus du besoin de marcher comme expliquer plus haut, ils ont besoin de boire 100 à 200 litres d’eau par jour et ont besoin de manger de 5 à 10% de leur masse corporelle, soit environ 400kg de nourriture par jour pour des éléphants d’Asie. Il arrive que certains meurent de soif, de faim et d’autres d’épuisement. Dans ces cas là, les mahouts vont dans le peu de jungle restante en Asie, capturent illégalement des bébés ou bien font du business avec d’autres mahouts pour avoir un nouvel éléphanteau et le dresser de nouveau. Quand l’éléphant est jeune, ils les dressent à faire des pirouettes ou à jouer au basket pour amuser les touristes et adultes ils sont dressés à faire des randonnées avec des touristes sur leur dos.
A noter que la déforestation des années 1950 à 1989 en Thaïlande a détruit 70% de la jungle et ainsi, suite à cela, de nombreux éléphants ont soit péri, soit été reconvertis dans ce nouveau style de business, que sont les balades et les cirques. Aujourd’hui ces mauvaises conditions de vie ne permettent pas vraiment la sauvegarde de l’espèce. Mais malheureusement, en Thaïlande, il n’y a aucune législation pour protéger les éléphants. Il est même possible de leur couper la trompe (médecine traditionnelle), leur défense, la queue, sans avoir de problème avec la loi. A savoir qu’en sciant les défenses, pour peu qu’elles soient coupées de trop près, la souffrance pour l’éléphant est atroce et ce dernier peut en mourir.
Actuellement, le site de Surin ne dispose malheureusement pas d’assez de terre pour que les éléphants se sentent davantage en liberté; de plus, ce peu de terre disponible appartient à la communauté donc il faut sans cesse trouver un terrain d’entente pour que ce projet perdure car d’une minute à l’autre, les habitants peuvent décider de stopper le prêt de terre et alors le Surin Project tomberait à l’eau. En attendant, les éléphants sont tout de même hors de leur chaîne une bonne partie de la journée et les volontaires doivent s’y prendre à l’avance pour avoir une place dans le projet.
Il est tellement incroyable et émouvant de les voir nager dans la rivière et pousser leurs petits cris de bonheur !
Notre rôle à nous ? En plus du fait que nous payons en partie les salaires des mahouts, il s’agit d’éco-tourisme, de tourisme responsable. Une magnifique alternative aux randonnées et aux cirques. Si tout le monde avait connaissance de ces horribles conditions dans lesquels sont les éléphants en Thaïlande et y était sensibilisé, le marché des randonnées ou des spectacles de rue coulerait au profit de CE genre de tourisme. Outre la possibilité d’être volontaire, il est aussi possible, à la journée, d’acheter un ticket ou un tour pour visiter la réserve, nourrir les éléphants et les voir ainsi hors de leur chaîne.
Concrètement en tant que volontaires, l’argent que nous versons pour passer une semaine ici forme en partie le salaire des mahouts et le reste est versé pour aider la communauté à subvenir à leurs besoins; Mais au delà de cela, durant la semaine (ou plus selon les possibilités), nous faisons connaissance avec eux, nous partageons des moments forts (cérémonies, repas) et parfois très amusants autour de jeux. Ce lien créé, notre joie qu’ils voient lorsqu’ils libèrent leur éléphant des chaînes et notre tristesse qu’ils peuvent apercevoir lorsque nous croisons, dans le village, des mahouts d’extérieur au projet promener leur éléphant avec 2 ou parfois 3 personnes sur leur dos, leur fait voir différemment le business avec les éléphants. Notre présence et notre regard sur ce projet joue un rôle très important.
Les simples visites même à la journée aident également à faire survivre la communauté et ainsi le projet : le fait d’aller au restaurant local par exemple, ou de faire des achats au marché local, de louer une chambre etc.
Bref, encore une fois : Bravo Surin Project !
Envie d’en savoir plus sur les éléphants ? Voici quelques détails…
- Les scientifiques comptent 3 espèces d’éléphants dans le monde : les éléphants d’Asie (localisés dans 13 endroits), les éléphants de la savane africaine et les éléphants de la foret africaine. Ceux d’Afrique sont menacés pour leurs défenses tandis que ceux d’Asie sont menacés par la destruction de leur milieu.
- Ce qui est exploité dans le corps de l’éléphant : ses excréments pour fabriquer du papier, ses défenses pour l’ivoire, sa peau pour fabriquer du cuir, sa trompe pour la manger et ses poils pour confectionner des bijoux.
- Si on mesure le tour de leurs pattes et qu’on multiplie le nombre par deux, on devrait tomber sur leur hauteur, des pieds aux épaules.
- Du fait de leur faible capacité visuelle, un éléphant a même peur d’une souris ou plus généralement de la moindre chose s’agitant près de lui.
- On reconnaît, par sa queue, si l’éléphant sera difficile à éduquer ou non : raide signifie docile, en tourbillon signifie rude.
- Un éléphant peut reconnaître le genre, le poids, l’âge et la maturité sexuelle d’un autre éléphant en sentant ses excréments.
- Un éléphant traverse une « crise d’adolescence », correspondant à sa puberté et lorsqu’il s’agit d’un mâle, cela peut être une très difficile période car il donne l’impression d’avoir tout oublié (dressage difficile) et d’être comme saoul.
- Les éléphants digèrent 40% de ce qu’ils mangent.
- La moyenne d’une gestation est entre 18 et 20 mois.
- Les éléphants utilisent leurs oreilles (remplies de capillaires) pour se ventiler et refroidir leur corps (en refroidissant le sang).
- Le seul endroit par lequel ils transpirent sont leurs orteils…Ils savent néanmoins très bien se protéger de la chaleur du soleil en se mettant de la terre ou encore mieux de la boue sur leur dos.
A compléter…Je vais bientôt devenir incollable sur mes amis les éléphants hahaha 😀
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